Modern Languages and Literatures, Department of
Date of this Version
October 1996
Abstract
Rattachée à l'étude des genres chez Flaubert, une question qui reste à approfondir concerne le soin qu'a mis le romancier à éviter l'anachronisme dans ses images diégétiques ainsi que dans ses diverses formulations de la causalité, les deux réseaux appartenant souvent à un même ensemble de données culturelles. On voit dans cette attention de Flaubert un souci d'exactitude historique, certes, mais qui va de paire avec le statut générique de son ouvrage. Déjà dans le conte oriental de sa jeunesse, Flaubert savait que c'était le cas pour le merveilleux: certains genres admettent volontiers l'intervention du surnaturel et se définissent même en fonction d'de. D'autres l'acceptent moins faulement, là par exemple où les attitudes et le parler d'une culture positive gouverneraient la diégèse. Ces distinctions peuvent s'obscurcir cependant, et nous rappellerons que de nos jours Todorov a élaboré une taxonomie pour le fantastique qui serait la modalité de l'indécision-chez le lecteur ou chez un personnage-entre l'étrange et le merveilleux, entre ce qui peut ou ne peut pas s'expliquer selon les lois quotidiennes. Or cent ans plus tôt, Flaubert fut préoccupé par un enchevêtrement de modalités bien similaire, et l'on peut s'étonner que ses catégories ressemblent à peu près à celles de Todorov. Bien qu'il n'y ait pas chez Flaubert de modalité proprement dite qui correspondrait au fantastique de Todorov, l'indécision qui marquera certaines de ses oeuvres résulte de la confusion entre deux explications, l'une psychologique et l'autre externe et d'ordre «fantastique» (les visions d'Antoine, ou des parents de Julien, par exemple), du mélange des genres.
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Published in REPRESSION AND EXPRESSION : LITERARY AND SOCIAL CODING IN NINETEENTH-CENTURY FRANCE Selected Papers Given at the 18th Annual Colloquium in Nineteenth-Century French Studies, Binghamton, NY, 22-25 October 1992. Edited by Carrol F. Coates (New York: Peter Lang, 1996).